Pourquoi l’avocat en chef de l’armée israélienne a-t-il démissionné après la fuite des preuves du viol ? | L’actualité du conflit israélo-palestinien

Pourquoi l’avocat en chef de l’armée israélienne a-t-il démissionné après la fuite des preuves du viol ? | L’actualité du conflit israélo-palestinien

L’avocat en chef de Tsahal, le général Yifat Tomer Yerushalmi, a démissionné après avoir reconnu avoir divulgué des images montrant le viol collectif d’un prisonnier à la prison de Sde Temin en août de l’année dernière.

La vidéo du viol a été initialement divulguée à la presse début août au milieu d’une réaction de droite suite à l’arrestation d’un certain nombre de soldats accusés d’avoir violé un prisonnier palestinien.

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Dans sa déclaration de démission vendredi, Tomer Yerushalmi a imputé la pression de la droite sur son enquête pour viol à sa décision de divulguer les images, affirmant qu’elle s’opposait à « une fausse propagande dirigée contre les forces de l’ordre militaires ».

Dans les images divulguées, on peut voir des soldats attraper un prisonnier palestinien aux yeux bandés et l’emmener avant de l’entourer de boucliers anti-émeutes pour dissimuler le viol.

“Pendant 15 minutes, l’accusé a donné des coups de pied au détenu, l’a piétiné, s’est tenu debout sur son corps, l’a frappé et poussé sur tout le corps, y compris avec des matraques, l’a traîné au sol et a utilisé un pistolet paralysant sur lui, y compris sur sa tête”, indique l’acte d’accusation initial.

Selon les informations médicales obtenues par le quotidien israélien Haaretz, la victime aurait souffert d’une rupture d’intestin, de graves blessures à l’anus et aux poumons, ainsi que de fractures aux côtes à la suite de l’agression. Il a ensuite dû être opéré.

Qu’est-il arrivé aux soldats ?

Au moins neuf soldats ont été arrêtés en lien avec le viol de cet homme. Tous, sauf cinq, ont été libérés relativement rapidement.

En février, les autres soldats ont été accusés de « sévices graves » sur le détenu, mais pas de viol. Le procès continue.

Un panel de l’ONU, qui a examiné le changement d’acte d’accusation et d’autres exemples de recours par Israël à la violence sexuelle et sexiste, a décidé que la décision d’abaisser les actes d’accusation, malgré les preuves, « conduirait inévitablement à une peine plus clémente » en cas de condamnation.

Pourquoi les politiciens israéliens n’ont-ils pas exigé des comptes ?

Parce qu’ils ont décidé que cela était quelque peu antipatriotique.

Un certain nombre de politiciens d’extrême droite en Israël, dont le ministre du Patrimoine Amichai Eliyahu, faisaient partie de ceux qui ont pris d’assaut la prison de Sde Timan pour protester contre l’arrestation de soldats accusés de viol.

Le ministre israélien d’extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a semblé s’adresser directement à Tomer Yerushalmi en juillet 2024, écrivant en hébreu : « Procureur militaire, retirez vos mains des réservistes ! » a-t-il déclaré, faisant référence aux soldats accusés de viol.

Le collègue d’extrême droite de Ben Gvir, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, était tout aussi actif sur les réseaux sociaux à l’époque, écrivant que les violeurs présumés devraient être traités comme des « héros et non comme des méchants ».

Pourquoi l’avocat en chef de l’armée israélienne a-t-il démissionné après la fuite des preuves du viol ? | L’actualité du conflit israélo-palestinien
Le ministre israélien de la Sécurité nationale et homme politique d’extrême droite Itamar Ben Gvir a appelé le général de division Yifat Tomer Yerushalmi à mettre fin à l’enquête qu’il mène sur les soldats accusés de viol.[Ahmad Gharabli/AFP]

De retour sur les réseaux sociaux lors du tumulte qui a suivi le viol, Smotrich a choisi d’ignorer les accusations crédibles de viol et a plutôt appelé à « une enquête criminelle immédiate pour localiser ceux qui ont divulgué la vidéo virale destinée à nuire aux réservistes et qui a causé de graves dommages à Israël dans le monde, et à épuiser toute la sévérité de la loi à leur encontre ».

Comment les critiques ont-elles réagi à la démission de Tomer Yerushalmi ?

Bon nombre des voix les plus fortes en défense des violeurs présumés se sont également élevées pour saluer la démission de la femme responsable du partage des preuves de ce viol.

Smotrich a écrit sur les réseaux sociaux quelques heures après la démission de Tomer Yerushalmi, l’accusant ainsi qu’une grande partie du système judiciaire israélien de corruption, et lançant ce qu’il a appelé une « insulte antisémite sanglante » contre leur armée.

Ben Gvir n’était pas moins critique à l’égard du système judiciaire israélien en divulguant les images, puisqu’il a écrit : « Toutes les personnes impliquées dans cette affaire doivent être tenues pour responsables ».

Les deux ministres soutiennent activement les tentatives actuelles du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à affaiblir le système judiciaire et à limiter son contrôle politique.

D’autres crimes ont-ils été commis à Sde Teman contre des Palestiniens ?

Les documents accompagnant chaque corps montraient qu’au moins 135 des corps mutilés qu’Israël a restitués aux responsables palestiniens à Gaza la semaine dernière dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu à Gaza étaient détenus à Sde Teman.

De nombreux corps avaient les yeux bandés et certains avaient encore les mains liées derrière le dos. L’un d’eux avait une corde autour du cou.

Le même rapport de l’ONU qui a examiné l’acte d’accusation réduit contre les soldats a également noté que les détenus de Sde Timan – y compris des enfants – étaient régulièrement enchaînés, contraints à des positions de stress, privés de toilettes et de douches et soumis à des passages à tabac.

Certaines ont été soumises à des violences sexuelles, notamment à l’insertion d’objets, à des décharges électriques et à des viols.

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